En 1978, Fiori Séguin (avec la chanson Viens danser) et les Bee Gees trônaient au sommet des palmarès au Canada, les Canadiens de Montréal étaient sur une lancée et Apple II était rapidement en voie de devenir un incontournable du bureau à domicile.
Mais saviez-vous que, cette année-là, le CRSH a attribué ses premières subventions de recherche? Il a, entre autres, accordé une bourse de doctorat à Peter Jensen, ce qui a permis à ce dernier de se tailler une place dans le domaine tout nouveau de la psychologie du sport et s’est traduit par l’obtention de plus d’une quarantaine de médailles olympiques pour le Canada.
Institué en 1977 par une loi du Parlement, le CRSH a officiellement commencé à exercer ses activités le 1er avril 1978. Le nouvel organisme, de taille modeste, a pris en charge l’administration des programmes gérés jusque-là par la Division des humanités et des sciences sociales du Conseil des arts du Canada.
Bref retour en arrière : en 1978, la génération du baby-boom atteignait l’âge adulte, et les Canadiens repensaient bon nombre de leurs politiques nationales et internationales – les écoles importaient toujours une bonne partie du contenu de leurs programmes, les entreprises étaient alors tributaires des connaissances produites ailleurs, et les responsables de l’élaboration des politiques se fiaient bien souvent à des recherches menées à l’extérieur du pays.
Les universités du Canada commençaient tout juste à offrir des programmes de cycles supérieurs, et peu d’universitaires canadiens disposaient des ressources nécessaires pour se pencher sur les grandes questions d’ordre social, économique, culturel ou politique de l’heure.
C’est à ce moment-là que le gouvernement fédéral a commencé à intervenir davantage et à accroître son soutien à la recherche en sciences humaines, notamment à ce qui allait bientôt être qualifié de « recherche stratégique », c’est-à-dire la recherche devant inspirer les politiques à adopter pour relever les défis auxquels la société canadienne ferait face. L’objectif du nouveau conseil serait donc d’intensifier le soutien à la recherche dans un monde en constante évolution.
Pour le premier président du CRSH, André Fortier, il fallait mettre l’accent sur ce que les sciences humaines pouvaient faire pour aider le Canada à aller au-delà de ce que les chercheurs et les décideurs avaient réalisé jusque-là, en évaluant les problèmes du moment à l’aune de ceux d’avant et en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’avenir.
Les personnes que le CRSH a financées ont par la suite travaillé, entre autres, à la Banque mondiale, à l’Organisation des Nations Unies, au Parlement européen ainsi qu’à CNN. Et il ne faut pas oublier que leurs travaux ont eu des répercussions considérables partout au Canada et que les connaissances qui en ont émané ont exercé une influence dans le monde entier.
Ainsi, Donald Savoie, professeur à l’Université de Moncton, a mené des études d’avant-garde sur le développement régional dans les provinces atlantiques qui ont donné lieu à la création de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique.
Professeure d’histoire de l’art à l’Université McGill, Charmaine Nelson se penche, depuis les années 1970, sur l’information que contiennent les avis de recherche publiés au Canada dans le but de retrouver les esclaves en fuite. Elle a analysé, dans ses travaux, les caractéristiques des migrations forcées et la réhumanisation des personnes réduites à l’esclavage. Par son apport remarquable à la culture visuelle, à l’histoire des Noirs du Canada et à l’histoire de l’art afro-canadien, elle a fait œuvre de pionnière. À titre de professeure invitée William Lyon Mackenzie King en études canadiennes à Harvard en 2017-2018, Mme Nelson jettera un éclairage inédit sur des sujets peu étudiés, qu’elle fera connaître à un public international.
John Borrows, qui est Anishinaabe/Ojibway et membre de la Première Nation des Chippewas de Nawash, en Ontario, a mené des recherches juridiques approfondies qui ont permis de créer un diplôme harmonisé en common law et droit autochtone à l’University of Victoria.
Constance Backhouse, professeure à l’Université d’Ottawa et titulaire de la chaire de l’université sur la législation concernant les agressions sexuelles au Canada, a acquis une renommée internationale par ses recherches féministes sur la discrimination fondée sur le sexe et sur l’histoire juridique des questions hommes-femmes et raciales au Canada. Elle a été témoin expert et consultante dans des causes d’agression sexuelle et de violence envers les femmes et les enfants. Elle a également arbitré des demandes d’indemnisation présentées par d’anciens élèves des pensionnats autochtones.
En 2018, le CRSH soutient toujours la recherche qui fait progresser le savoir et qui favorise une meilleure compréhension des questions qui font la manchette. Et il entend appuyer des travaux qui se pencheront sur les préoccupations qui se feront jour à l’avenir. Par le financement qu’il leur accorde, le CRSH aide également les étudiants à devenir des personnes éveillées à la culture, informées sur le plan politique et socialement engagées qui jouent un rôle prépondérant dans l’économie mondiale.
Pour le CRSH, 40 ans d’idées, de talent et de diversité, ça se fête! C’est là un thème qui témoigne des atouts qui lui sont propres : les idées novatrices qu’il fait naître par son action et par les travaux qu’il finance, le talent dont il favorise l’éclosion chez les chercheurs en début de carrière et l’incroyable diversité des chercheurs et des étudiants de cycles supérieurs d’un océan à l’autre.